Concept que mon équipe et moi avions nommé "Spike and Learn day"

Quand j’étais CTO chez Spacefill, en mai 2021, j’ai mis en place avec mes collègues un rituel que nous avons nommé “Spike and Learn day”.

Un vendredi sur deux — soit 10 % du temps de travail — chaque développeur pouvait librement décider de consacrer sa journée à l’apprentissage d’une nouvelle chose, tester une idée, travailler sur de la dette technique, ou implémenter en autonomie des choses qu’il pensait utiles pour la société.

Pendant cette journée, le développeur n’avait pas à suivre le sprint, ni la roadmap, c’était un espace de liberté.
Les sujets pouvaient être aussi des initiatives d’amélioration produits.

Limites : les sujets devaient être en rapport avec des stacks technologiques utilisés ou potentiellement utilisable par la société (exemple, l’étude d’un moteur de jeu vidéo n’était pas autorisé, car il y avait peu de chance que ça soit utile au business de la société).

Précision importante : l’intégration du résultat de ces journées « Spike and Learn » pouvait être refusé ou non priorisé par l’équipe produit ou non accepté lors de la phase de review par les autres développeurs. Cela faisait partie du jeu de l’expérimentation.

Si un “Spike and Learn day” tombait un jour férié ou pendant les congés d’un développeur, la journée était considérée comme perdue.

Cette idée était largement inspirée de l’initiative de Google nommée “20% Project”.

Pourquoi le mot “spike” ? J’ai puisé le concept de Spike dans le Extreme Programming — qui m’avait été souflé par Ronan —, pour en avoir une définition, je vous conseille l’article What is Spike in Scrum? (archive).

Initialement, j’avais prévu mettre à disposition des projets bootcamps dans lesquels les développeurs auraient pu puiser pour la partie “learn” de leurs journées.
J’envisageais, par exemple, des sujets DevOps, exploration de Docker, déployer un serveur de A à Z via Vagrant, ou alors de recontruire les bases de la stack web employé par la société depuis zéro…
Mais malheureusement — et Claire me l’a souvent rappelé 😉 — en 2 ans, je n’ai produit aucun bootcamp 😭 !

Ajustement au cours du temps

Avec l’expérience, nous avons décidé — quand c’était possible — de placer cette journée en fin de sprint afin de ne pas “casser” sa dynamique.

Ce qui donnait l’emploi du temps théorique suivant :

  • Travail sur les issues du Sprint Scrum du lundi de la semaine 1 au jeudi matin de la semaine 2
  • Jeudi après-midi de la semaine 2 : Sprint rétrospective et Sprint planning
  • Vendredi de la semaine 2 : “Spike and Learn day”

Quels ont été les effets de cette initiative ?

D’après ce que j’ai pu observer ou ce qui m’a été dit, je pense que cette initiative était plutôt appréciée des développeurs.

J’ai pu noter que la plupart des développeurs avaient leurs préférences :

  • Certains privilégiaient fortement des activités de dette technique
  • D’autres préfèraient terminer une issue en retard du sprint
  • Et d’autres préféraient explorer de nouvelles choses, tester des fonctionnalités

Les développeurs m’ont remonté une frustration concernant le défi que représente la réalisation d’un projet nécessitant plusieurs jours de travail avec seulement deux jours alloués par mois. De plus, le délai de quinze jours entre chaque session rend difficile la reprise du travail sur le sujet.

J’ai été agréablement surpris de voir que ce rituel ait été respecté sans difficulté majeure pendant plusieurs années. Je n’ai pas souvenir de suppression exceptionnelle de cette journée par l’équipe produit ou de management.

Si j’en ai un jour la possibilité, si je suis à nouveau en responsabilité, je pense que c’est une initiative que je proposerai à nouveau de mettre en place.